Famille

Mes enfants et l’alimentation

Lorsque je publie mes menus, on me demande très souvent si mes enfants mangent tout ce que je prépare. La réponse est non. Ils ne mangent même, quasiment rien de ce que je cuisine. Mes enfants sont difficiles, véritablement. J’ai eu mon lot de petites remarques bien placées… « Ah moi, mes enfants ils n’ont pas le choix de toute façon.« , « Je ne fais jamais rien d’autres, s’ils ne mangent pas tant pis pour eux. » etc etc. Si cela m’a blessée, parfois, désormais j’y suis totalement indifférente. Les gens ne sont pas dans ma vie et connaissent trop peu mes enfants pour comprendre mon fonctionnement. Et puis, pourquoi se justifier ?

Pourtant, tout semblait bien parti ! La diversification s’est merveilleusement passée bien pour mes deux enfants : Tom en diversification classique et Elena en DME (Diversification Menée par l’Enfant)… et puis, à un moment, ça s’est gâté. J’ignore pourquoi, j’ignore s’il y a eu un déclencheur… Mais ça s’est compliqué. Pour Tom, c’est arrivé autour d’un an. Il s’est mis à refuser de s’alimenter, il refusait la plupart des aliments qu’il mangeait jusqu’alors. Il consentait à manger des yaourts natures, un peu de compote et parfois un peu de riz ou de pâtes natures. C’est tout. Cela m’a inquiétée au début, et puis j’ai fini par lâcher prise. Je testais des tas de recettes pour diversifier son alimentation… il y a des fois cela fonctionnait, souvent non. J’ai persévéré mais sans me prendre la tête. J’avoue que le fait de l’allaiter m’a aidée à me tranquilliser. Il a commencé à accepter de goûter de nouveaux aliments entre 3 et 4 ans. Son alimentation tournait autour de 5-6 aliments seulement, mais c’était déjà mieux ! Depuis, il a bien avancé ! On est encore loin d’une alimentation variée et équilibrée, mais c’est clairement le jour et la nuit.

Concernant Elena, le refus des aliments est venu plus tard, aux alentours de 2 ans. Rien de très alarmant car beaucoup d’enfants de cet âge passent par cette phase. Elle est moins réticente que son frère à goûter de nouveaux aliments… mais elle est très sensible au niveau de l’oralité… il ne faut pas un seul minuscule morceau dans la soupe sinon elle a des hauts le coeur… certaines textures lui font le même effet, donc je me méfie des troubles de l’oralité chez elle. On verra comment cela évolue. Mais voilà, elle non plus n’a pas une alimentation variée et équilibrée.

C’est ainsi.

Et pourtant, je cuisine. Énormément. Je prépare des légumes à tous les repas, des menus relativement équilibrés. Mais rien à faire, mes enfants préfèrent des pâtes ou du riz natures la plupart du temps. Ma foi, c’est pas bien compliqué de les nourrir finalement… ça manque juste de variété, on est d’accord. Cependant, j’ai pris le parti de ne pas me prendre la tête ET oui, de leur proposer un plat de secours lorsqu’ils refusent de goûter ce que j’ai cuisiné. Et j’assume. Je me contrefiche de ce qu’en disent les bien-penseurs 😉 On m’a tellement répété qu’un enfant ne se laisse pas mourir de faim… C’est mal connaître mes enfants, surtout Tom. En tout cas, quand il était petit. Désormais, j’ai le recul nécessaire et sous l’éclairage de l’autisme, je comprends mieux. Et je sais que le forcer n’aurait fait qu’empirer les choses. De toute façon, je n’aurais jamais été dans cette direction… j’ai souffert de troubles alimentaires toute mon enfance, mon adolescence et au début de ma vie d’adulte. Donc il a toujours été hors de question pour moi de faire une fixette sur l’alimentation. Ils mangent. Certes, ce n’est pas à l’image des recommandations, mais tant pis. Mes enfants sont en bonne santé, c’est tout ce qui compte… et surtout, aucune carence malgré une alimentation qui paraît carencée.

Tom fait très clairement de la néophobie alimentaire. La néophobie est la peur de tout ce qui est nouveau. Au niveau alimentaire, cela se traduit chez lui par un refus de goûter la plupart des aliments qu’il ne connaît pas. Il craint de ne pas aimer… donc d’avoir dans la bouche un truc qu’il n’aime pas et de ne pas savoir qu’en faire. C’est anxiogène pour lui, véritablement. Quand il accepte de goûter un nouvel aliment, il est plein d’appréhensions, presque angoissé… et tellement soulagé lorsqu’il aime ! Dernièrement, il a goûté les cacahuètes ! Nous étions en atelier nature, et nous fabriquions de quoi nourrir les oiseaux avec des cacahuètes entières… A voir ses copines (il n’y a que des filles dans son groupe ^^) en manger, il a eu envie d’essayer… Il a gardé très longtemps sa cacahuète décortiquée dans la main… la portant à sa bouche sans y croquer… il avait peur. Alors quand il a enfin croqué dedans… j’ai retenu mon souffle. Il a grimacé un peu, puis regoûté et admis que c’était bon. Victoire ! J’en aurais pleuré ! … pour une cacahuète oui. Ainsi va ma vie. Je m’émeus de ce type de petites victoires. Elles semblent ridicules et anodines pour les autres, pour nous c’est… je ne sais même pas mettre de mots dessus. Depuis quelques mois, il est moins rebuté à l’idée de goûter de nouveaux aliments. Ce n’est pas demain qu’il croquera dans un brocoli, mais on avance, petit à petit.

Elena, elle, ne fait pas vraiment de néophobie alimentaire. Ou juste un peu. Je crois que chez elle, c’est plutôt sensoriel. Il y a des textures qu’elle ne peut même pas imaginer mettre dans sa bouche. Elle refusera certains aliments qu’elle a pourtant déjà goûté et aimé, simplement, parce qu’une fois, une seule fois, il y a eu un truc qui l’a dérangée… un petit morceau, une herbe aromatique visible… Bref des détails mais qui ont tant d’importance pour elle. Elle est très sensible sensoriellement… donc je suis attentive et là non plus je ne force rien. Il se pourrait bien qu’elle aussi soit quelque peu atypique, même si je ne sais pas encore trop dans quelle mesure.

Je suis régulièrement jugée pour mes choix concernant l’alimentation de mes enfants. Selon beaucoup je ne devrais pas leur faire à manger ce qu’ils veulent, je ne devrais pas faire un plat de secours pour eux, je devrais les forcer à goûter, je devrais être plus ferme etc. Qu’ils le pensent… bon s’ils pouvaient garder leur avis pour eux, ça serait bien aussi. Si chacun arrêtait d’avoir un avis sur la vie des autres (et se sentait obligé de le donner), ça changerait le monde non ? 😉

Bref. Le but de cet article n’est en aucun cas de me justifier, je n’en ai pas besoin. C’est ma vie, mes enfants, ce que je fais ne regarde que nous. J’avais envie d’en parler car je suis persuadée de ne pas être la seule dans cette situation. Je suis sûre que nous sommes nombreux et nombreuses à vivre cela, à nous sentir jugés et culpabilisés… alors qu’on fait ce qu’on peut. Personnellement, je rêverais que mes enfants fassent honneur à ma cuisine ! C’est assez frustrant d’aimer cuisiner et d’avoir des enfants qui refusent de goûter, même une demi fourchette. Mais c’est ainsi, ce sont des êtres humains, je ne vais pas les gaver de force. Ils ont le droit d’être différents et d’avoir besoin de temps pour apprivoiser leur alimentation. Quand je vois comment Tom a évolué en 3 ans, je me dis que je n’ai finalement peut-être pas tout planté. C’est simplement plus long. Il est donc évident que je ne vais pas agir différemment avec sa soeur.

Enfin voilà. Oui, mes enfants sont difficiles à table, mais c’est ainsi. Et ce n’est pas si grave. J’ai choisi d’autres combats 😉

35 ans, mariée et maman de 2 enfants. Multi-passionnée et résolument optimiste ! Vous trouverez par ici des partages et tranches de vie, sans chichi, en toute simplicité ! Pour en savoir un peu plus sur moi, n'hésitez pas à aller lire ma page "à propos" ! Au plaisir de vous lire !

5 commentaires

  • Notsil

    J’ai eu une petite soeur trèèèès difficile à table ^^ Riz, pâtes, pommes de terre : le trio gagnant :p (ah, les salsifi à la crème, certes). C’est à l’adolescence que ça s’est débloqué chez elle.
    Côté enfants… parfois je fais un autre plat, parfois non. Mais j’ai souvent un reste de truc qu’elles aiment qui peut servir.
    Parfois je suis zen, parfois je crie (plutôt en repas du soir à la fin d’une journée compliquée, certes ^^). En fait qu’elles aiment ou pas, je m’en moque, par contre, venir à table en disant « beurk ! », ça, ça a du mal à passer j’avoue ^^

    Je n’oblige jamais, je sais que c’est contreproductif. Ici la petite fait une fixette sur le beurre / la crème (elle n’en mange pas si elle me voit en mettre) alors que la grande adore (je rajoute de la crème pour lui faire manger à peu près n’importe quoi). La petite adore les gratins mais pas la grande (ça croustille trop – pourquoi elle veut son pain grillé le matin ? ^^). La grande ne mange que des compotes, voire des bananes ; la petite pourrait être frugivore… le yaourt se mange avec un peu de sucre et le petit suisse nature… ^^
    Finalement, le casse-tête c’est de faire un plat qui convient à tout le monde ^^

    La petite est aussi plus ouverte. Quand elle fait un blocage sur un fruit / légume qu’elle aimait avant, souvent y’a eu un truc (fruit trop / pas assez mûr…) qui l’a dégoutée. Si j’explique et que je repropose (après avoir goûté que c’était bon), elle veut bien gouter.

    Ce que j’adore, c’est quand elles goutent, qu’elles aiment, mais qu’elles répondent « non » à ma proposition de leur en servir ^^

    En fait, souvent, elles acceptent de goûter une fois le ventre « déjà rempli », comme si il y avait d’abord ce besoin d’être certain d’être rassasié, de ne pas mourir de faim ^^ Les sauces ont aussi beaucoup de succès (la moutarde enlève le piquant du radis, apparemment), même si les combinaisons sont parfois … osées.

    M’enfin, elles sont compliquées mais pas si difficiles, finalement. Mais faut croire que ça reste intemporel, cette façon de juger nos enfants sur l’alimentation. De toute façon, soit ils mangent trop, ou pas assez, ou pas assez équilibré… et quelle importance, si chacun y trouve son compte ? En tout cas, ça reste rassurant de voir que finalement, c’est quand même pareil chez tout le monde : le meilleur repas, ce sont des pâtes :p

  • Sonia Lienhart

    je me reconnais un peu dans cet article, j’ai 3 filles (21ans, 18ans et 10ans)
    la 1ère n’a jamais eu aucun souci avec l’alimentation, elle a toujours tout mangé, elle nous a juste fait une grève des pâtes quand elle avait 7 ou 8ans, ça a duré 2 ans, elle ne voulait absolument plus manger de pâtes, bon ben après tout c’est pas grave et c’est passé!
    Pour ma 2ème ça c’est compliqué vers ses 5ans, elle mangeait de tout avant et elle a commencé à sélectionner de plus en plus. Il a de gros paradoxe dans ce qu’elle mange mais à partir du moment où elle a pu nous expliquer ce qui n’allait pas on a bien compris: c’est la texture de certains aliments dans sa bouche l’écœure, c’est le cas de quasiment tous les légumes cuits, par contre elle en mange énormément cru, c’est le cas aussi de tout ce qui est saucisse et elle ne mange aucun laitage à part les crèmes au chocolat noir
    Ma dernière a mangé de tout jusqu’à ses 2ans, ensuite elle a commencé à beaucoup sélectionné aussi et elle a du mal à gouter les nouveaux aliment, par contre elle adore certains aliments dont la plupart des enfants ne sont pas fan, genre les épinards, les calamars, le poisson, les escargots, les avocats, les brocolis et les choux Romanesco. Par contre elle ne mange pas d’oeuf, elle n’aime pas la viande en général, sauf le poulet.
    Bref, j’ai fini par lâcher prise sur leur alimentation, chacun ses gouts…..
    Je fais un seul repas pour tout le monde où chacun trouvera quelque chose à manger, et au pire il y a toujours du pain!

  • Nadège

    Mes 3 enfants (le 4ème est allaité!) sont très difficiles! 2 mangent que du riz, pâtes et semoule, et 1 ne mange uniquement des pâtes. D’ailleurs, il y a toujours des pâtes en plat de « secours »!
    Je ne me prend pas la tête pour ça! Je cuisine des légumes pour nous et si ils en veulent ils en mangent autrement c’est pas grave!!!

A vos claviers !

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