Humeurs

J’allais lui dire adieu.

J’ai téléphoné, raccroché avant qu’on décroche. Plusieurs fois. J’ai finalement pris rendez-vous. J’ai annulé. Je ne suis pourtant pas quelqu’un de matérialiste. Je me sépare facilement des choses. La situation faisait que m’en séparer nous aurait permis de sortir un peu la tête de l’eau. C’est le seul objet de valeur que j’ai. Le souci, c’est que sa valeur ne s’arrête pas aux euros que j’aurais pu en tirer. Cet objet a une grande valeur sentimentale. C’est plus qu’un simple objet.

Même si depuis l’arrivée de Petit Girafon je le délaisse, j’aime le savoir quelque part dans ma maison, bien au chaud, protégé dans sa boîte. J’aime l’ouvrir de temps en temps pour sentir l’odeur de son bois vernis et glisser mes doigts sur les cordes désaccordées. Il représente toute une partie de ma vie, un chapitre que je n’ai pas envie de voir s’envoler. Il m’a permis de mieux me connaître. De comprendre que si j’étais tellement hermétique au solfège, c’est peut-être car je devais juste faire confiance à mon oreille. Il représente des heures et des heures de travail, en autodidacte, pour pouvoir sortir un mélodie potable.

Je n’ai jamais été une grande musicienne… Je manque cruellement de technique, mais j’aime le contact de cet instrument, j’aime me confronter à lui, même si le son qui en sort n’est pas parfait. Il est aussi la réalisation d’un rêve d’enfant… Quand à 4 ans, j’ai entendu pour la première fois le son d’un violon… Je savais que si je devais jouer d’un instrument ce serait celui-ci.

Et pourtant, j’étais à deux doigts de lui dire adieu. De prendre cette décision irréversible. J’en ai pleuré, j’en ai perdu l’appétit. Je n’ai finalement pas été jusqu’au bout. Parce qu’un découvert bancaire ça finit par se combler… le manque de lui non. Cela peut paraître futile de l’extérieur. Un instrument reste un objet… Sauf que le lien qui unit un être humain à son instrument est vraiment particulier je crois. Ce violon, je me souviens parfaitement où et quand je l’ai choisi, pourquoi c’était lui et pas un autre… Parce qu’il avait un son plus doux que son voisin, plus grave aussi. Parce que sa couleur n’était pas uniforme. J’étais en festival, à Saint Jean du Gard. Il faisait moche. Je l’ai essayé, j’ai fait demi-tour, je suis revenue, repartie… avant de finalement repartir avec lui sous le bras.

Alors tant pis si nous sommes restés dans le rouge car je n’ai pas su me détacher de lui. C’est le seul objet auquel je tiens tant. Et j’espère qu’il m’accompagnera encore longtemps.

(Photos personnelles, réalisées par Pierre Bacquet et Marie Hyvernaud. Merci de ne pas vous servir!)

35 ans, mariée et maman de 2 enfants. Multi-passionnée et résolument optimiste ! Vous trouverez par ici des partages et tranches de vie, sans chichi, en toute simplicité ! Pour en savoir un peu plus sur moi, n'hésitez pas à aller lire ma page "à propos" ! Au plaisir de vous lire !

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