Je suis de plus en plus féministe

Je suis féministe et je pense que cela n’a échappé à personne… en même temps, je suis une femme, comment pourrais-je ne pas l’être ?

Pourtant, je ne me suis pas toujours définie comme telle, alors que mes convictions et mes opinions allaient clairement dans le sens du féminisme. Je me souviens, il y a quelques années, j’avais partagé sur mon profil facebook les paroles traduites d’une chanson portugaise qui m’horripilait. J’avais introduit ce post par : « Je ne suis pas féministe mais… » Et une jeune collègue m’avait répondu :

« – Mais enfin Maud, t’es pas pour l’égalité homme-femme ?

– Ben si, évidemment !

– Alors tu es féministe. »

Ce bref échange a tout changé. J’ai réalisé que je mettais derrière le féminisme tout un tas de clichés et de qualificatifs tels que « extrémiste » entre autre. Cette courte discussion m’a fait prendre conscience à quel point j’étais déjà féministe, et ce, depuis longtemps… depuis l’enfance même. Depuis cette époque où je râlais parce que mon papa et mes frères pouvaient se balader torses nus et pas moi ! Et combien de fois, adolescente, me suis-je insurgée contre la différence de traitement et le sexisme de certains profs (de sport notamment) ?

J’étais déjà féministe.

Féminisme : Courant de pensée et mouvement politique, social et culturel en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. 

Dictionnaire Larousse

Et depuis que je suis maman d’une petite fille, je le suis de plus en plus. Lorsque j’ai pris conscience qu’elle pourrait vivre certaines choses que j’ai vécu, que des millions de femmes ont subi… j’ai pris une sacrée gifle. Quand tu te dis que ta fille pourrait vivre des agressions et des viols, être discriminée au travail, avoir peur de sortir le soir… Ca fiche un coup quand même. Parce que malheureusement, je ne pourrais pas la protéger de tout. Juste lui donner quelques outils, mais suffiront-ils ? Je ne pense pas.

Alors oui, je suis féministe et je le suis de plus en plus.

Pour elle et pour toutes les femmes en devenir.

Mon quotidien est plein de dissonances. J’ai fait beaucoup de mauvais choix et je me suis embourbée dans des situations inconfortables. Mais mes convictions n’ont jamais faibli.

Ce féminisme c’est aussi lui qui me pousse à éduquer mon fils dans l’espoir qu’il ne reproduise pas de schémas toxiques. Dans l’espoir qu’il devienne 100% indépendant et 100% capable.

J’ai été élevée par des parents naturellement égalitaires au quotidien. Mon père s’est autant occupé de nous que ma mère. J’ai vu ma mère monter du placo et mon père faire la cuisine. Evidemment, chacun a ses préférences et des compétences différentes, mais les deux sont capables. Mon père n’aidait pas ma mère. Il faisait sa part. Je me suis construite avec ce schéma et me confronter à d’autres fonctionnement a été douloureux et difficile.

Alors oui, aujourd’hui je me bats à ma petite échelle, en espérant que ma fille n’allonge pas un jour la trop grande liste des victimes… Ces victimes encore trop peu écoutées.

Pour moi, ce combat passe essentiellement par l’éducation. J’ai un gars et une fille. Je les éduque au respect d’autrui, au respect du consentement, à l’égalité. Et puis, je lis, je m’informe, j’essaie de mieux comprendre et de me cultiver sur le féminisme et ce qui peut tourner autour.

Enfin, je suis féministe par respect envers celles qui se sont battues pour qu’aujourd’hui, je puisse avoir un compte bancaire à mon nom, que je puisse travailler sans l’accord de mon père ou de mon mari, que je puisse sortir dans la rue sans chaperon… pour que je puisse voter, prendre une contraception, exprimer mon opinion… On doit tellement aux mouvements féministes. On pourrait croire que les plus gros combats ont été menés et gagnés, et que le féminisme n’a plus lieu d’exister. C’est si faux. Des combats, il en reste encore à mener, partout dans le monde… et même en France.

Je suis féministe car je crois en la sororité.

Je suis féministe, pas misandre.

Alors oui, je suis humaniste, mais je suis avant tout féministe, parce que je suis née femme.