Humeurs

Sentiment d’incapacité

Certain.e.s nommeraient peut-être cela « syndrome de l’imposteur »… Ce n’est pas ainsi que je le ressens. Je le sens comme un sentiment d’incapacité, de ne pas être capable, de n’avoir pas été capable. C’est quelque chose avec lequel je dois cohabiter depuis longtemps et qui entache beaucoup ma confiance en moi, et l’estime que je me porte. J’ai ce sentiment d’échec qui vient se greffer, je me fustige de manquer de persévérance. Bref, comme si j’étais incapable.

Ca ne s’est pas amélioré depuis que je suis maman. Incapable de faire en sorte que mon fils dorme correctement la nuit… Incapable de faire manger de tout à mes enfants… Évidemment, maintenant, avec le recul de l’autisme, je me flagelle moins. Mais cela m’a beaucoup bouffée. Et des exemples comme ça, j’en ai à la pelle. Aujourd’hui, il y a une chose que je reprends en pleine figure, c’est mon deuxième accouchement. Une amie vient de mettre au monde une adorable petite fille, et moi j’ai des réminiscence de la naissance d’Elena et je me mal alignée. J’ai ce sentiment d’incapacité qui refait surface puissance mille.

Mon deuxième accouchement ne s’est pas déroulé comme attendu. Je sais bien que rien ne se passe jamais comme on l’imagine, ou en tout cas rarement, mais voilà… 5 ans après, c’est encore un souvenir difficile. Il y a beaucoup d’amertume et de déception, encore maintenant. La première chose pour laquelle je me suis sentie si incapable, c’est la gestion de la douleur. Je voulais tant essayer de ne pas avoir recours à la péridurale… J’ai fini par supplier qu’on me la pose, car la douleur me submergeait, m’anéantissait. Je perdais pied. Mais depuis des millénaires, les femmes savent accoucher avec cette douleur… alors pourquoi n’ai-je pas su ? Cela me hante encore. J’ai cette sensation d’être illégitime, bien chevillée au coeur. Et à chaque récit d’accouchement « naturel », toujours désigné de « bel accouchement », je vois remonter cette culpabilité. Quand je lis que c’est une question de mental… je me sens comme une imposteure. Encore aujourd’hui. Je n’ai donc absolument pas fait la paix avec cet épisode de ma vie.

Vient ensuite la césarienne… car finalement toute cette douleur n’aura même pas été utile. Je sais que cette césarienne n’était pas « ma faute ». Je sais bien que c’est un coup de malchance si ma fille a regardé vers le ciel au lieu de cibler son nombril. Bien entendu je le sais. Pourtant, je n’ai pas su accoucher. Je n’ai pas su accoucher sans aide. Ni pour mon fils ni pour ma fille. Je garde des souvenirs moins marqués par la souffrance pour Tom. L’aide de la ventouse ne m’a pas tant laissé ce sentiment d’incapacité. La naissance d’Elena si. Cinq ans après, je ne pensais pas que cette souffrance pouvait remonter si fort. Je pensais que c’était, au moins un peu, digéré. Visiblement, pas tellement.

Ce n’est pas quelque chose de simple à vivre. Parce que ce sentiment d’imposture, d’incapacité, parasite mon quotidien. Je suis dure avec moi. Cependant, je suis, je crois, sur la bonne voie. Je tente de me montrer moins intransigeante et d’accepter que mon fonctionnement est légitime. J’ai un souci avec la légitimité que je me porte. En thérapie ce mot est revenu tant et tant de fois. Il laisse transparaître cette difficulté à me laisser le droit d’exister. D’exister telle que je suis. Avec mes besoins, mes failles, mes particularités, mes forces, mes erreurs… mon imperfection. Trente années à me conformer, à m’oublier, à me mésestimer, à faire semblant… à me suradapter. Ca laisse des traces. Il y a beaucoup à déconstruire.

J’y arriverai, sans doute. Peut-être pas pour tout. Mais ça viendra. Si j’en parle, ce n’est pas par besoin de conseils. Je n’en cherche pas, je n’en souhaite pas. Je veux juste partager, parler, mettre en mots. Ouvrir la parole. On peut en parler. C’est ok de ne pas toujours aborder des choses positives 😉

35 ans, mariée et maman de 2 enfants. Multi-passionnée et résolument optimiste ! Vous trouverez par ici des partages et tranches de vie, sans chichi, en toute simplicité ! Pour en savoir un peu plus sur moi, n'hésitez pas à aller lire ma page "à propos" ! Au plaisir de vous lire !

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