conférence Isabelle Filliozat
Famille

Conférence d’Isabelle Filliozat : Il n’y a pas de parent parfait

Le 2 avril 2016, j’ai assisté à une conférence d’Isabelle Filliozat sur le thème : il n’y a pas de parent parfait, organisée par La Maison pour Tous de Cazères. Autant vous dire que dès que j’ai su qu’elle venait en conférence près de chez moi, j’ai réservé ma place sur le champ et j’ai bien fait! La salle était pleine à craquer, 400 personnes venues assister à cette conférence.

Je ne regrette pas du tout d’y avoir été. J’étais en condition. Je venais d’essuyer plus d’une heure de crise de Petit Girafon, qui s’était muée en gros chagrin quand j’ai du partir… J’étais déroutée et cette conférence m’a fait un bien fou. Isabelle est incroyable! Il n’y a pas d’autre mot! Elle a une énergie incroyable, elle est drôle, elle nous emmène avec elle… Elle est aussi très directe et très franche et dit les choses sans chichi. Au final, c’était presque trop court! J’ai beaucoup apprécié sa manière de mener la conférence. D’emblée, elle a formé des groupes de 6 et nous avions 7 minutes pour nous mettre d’accord sur une question à laquelle nous aimerions qu’elle réponde. Le tout était déposé dans une boîte et elle a construit sa conférence au fil des questions qu’elle piochait.

Il n’était pas question là des comportements de nos enfants, mais de nous, parents. J’avais déjà lu son livre, Il n’y a pas de parent parfait… Mais avoir Isabelle Filliozat en face n’a rien à voir. De plus, la façon dont elle a mené la conférence, nous l’a rendue plus proche encore je trouve. Beaucoup de choses ont été abordées, c’était très dense, hyper intéressant. Certaines questions m’ont plus interpelées que d’autres. J’ai décidé aujourd’hui de partager avec vous ce que j’ai retenu de cette conférence.

Isabelle Filliozat a introduit la conférence en nous disant clairement qu’avant d’avoir des enfants nous étions tous des parents parfaits. Et c’est vrai, nous avions un avis sur tout, nos enfants ne seraient ni comme ceci, ni comme cela, nous ferions ci ou ça… On est en fait très zen avant d’avoir des enfants et souvent on ne s’est jamais (ou très rarement) mis en colère de manière aussi forte que lorsqu’on devient parent. Qu’est-ce qui fait qu’on sort ainsi de ses gonds? Qu’on en vient à ne plus se reconnaître?

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Venons-en aux questions auxquelles elle a répondu…

  • Comment ne pas culpabiliser face au regard de l’entourage proche (ou moins proche) ?

Isabelle nous a proposé deux cas de figure :

1- Les gens n’ont pas encore d’enfant, donc ils n’y connaissent encore rien et idéalisent la parentalité, ils sont encore des parents parfaits.

2- Les gens ont déjà une bonne expérience de parents : ils ont ramé et donc ne nous jugent pas / ils font semblant de ne pas avoir ramé mais au fond d’eux ils savent qu’ils auraient pu faire autrement, qu’ils ont blessé leur enfant, qu’ils n’ont pas su être à son écoute.

Pour ces derniers, le fait d’être face à un parent avec un enfant en pleine crise par exemple, les ramène à leur propre vécu, le jugement est donc une arme d’auto-défense qui évite que les émotions les submergent. En France, l’éducation par la honte est encore très plébiscité… par les parents mais aussi par les enseignants. Quelqu’un qui juge un autre, c’est quelqu’un qui a honte mais qui refuse de ressentir cette honte.

Si nous donnons de l’empathie à celui qui nous juge, alors il n’aura plus de prise sur nous. Nous devenons celui qui regarde, nous reprenons notre place de sujet.

  • Comment réagir face à nos réponses automatiques ?

Isabelle Filliozat affirme avec conviction que les comportements automatiques n’ont rien d’éducatif, ni d’efficace. Il n’y a d’ailleurs qu’avec nos enfants et notre conjoint que l’on réagit ainsi, et qu’on l’on reproduit encore et encore ces comportements qui ne fonctionnent pas.

Nos réponses automatiques ne sont pas « décidées » par nous, elles ne sont pas réfléchies. C’est notre cerveau qui va chercher une solution quelque part, souvent dans nos souvenirs d’enfance et nous reproduisons donc ce que nous  avons vécu, les réactions et comportements de nos parents.

Pour freiner ces comportements voilà ce qu’Isabelle nous propose :

Quand on sent la pression monter, aller faire pipi, boire un verre d’eau, souffler un coup. Puis se poser quelques minutes pour se demander d’où nous vient ce comportement, afin de réparer l’enfant qu’on était, de guérir. Ainsi on a donc enfin tout son cerveau « disponible » pour fournir à l’enfant les outils pour sortir de la situation (sans faire à sa place ni l’humilier) et lui donner notre empathie.

  • Comment gérer les différences éducatives entre les parents?

Pour Isabelle, il n’y a pas d’éducation malveillante. Un parent qui tape et punit ne le fait pas dans le but de faire du mal à son enfant, il pense le faire pour son bien. Pour elle, tout parent est bienveillant. Cependant, nos croyances sont différentes, et elles servent à justifier nos comportements.

Elle nous a parlé d’une expérience qui a été faite sur des adultes, grâce à l’IRM. Nous sommes naturellement équipés pour prendre soin de l’autre et répondre aux besoins de l’enfant. Cependant, certains parents n’ont pas assez d’ocytocine, pas assez de récepteurs à ocytocine et lorsque par exemple ils entendent un bébé qui pleure c’est le circuit du stress qui se met en route. Plus on violente un enfant (par les mots ou par les coups) plus on abîme son cerveau et moins il aura de récepteurs à ocytocine. C’est son amygdale qui se développe et donc le stress, l’angoisse. Les émotions sont figées et l’impulsivité prime, avec une grosse difficulté à gérer ses émotions.

Il est plus facile de modifier une croyance qu’un comportement. Voilà pourquoi il est plus simple de se dire qu’une bonne fessée ne fait pas de mal, que d’essayer de faire autrement. Il n’y a en fait, pas d’approches éducatives différentes, mais des cerveaux différents (plus ou moins abimés) avec donc des croyances différentes.

Le bon comportement à adopter lorsqu’on est face à l’autre parent trop autoritaire serait de lui faire un câlin, de l’aider à réguler son stress… d’être empathique en somme. Pas si simple…

  • Les limites ne sont pas éducatives.

Le concept de limites est un héritage de la psychanalyse. L’enfant né avec des pulsions, d’après Freud c’est un pervers polymorphe. L’enfant cherche à prendre le pouvoir, il faut donc le sevrer, le « castrer », le frustrer, lui poser des limites. En France, on est très attachés à ces conceptions de Freud et de la psychanalyse, et les professionnels de santé et de la petite enfance use du mot « limites » avec beaucoup de zèle. Lorsqu’on rencontre un souci avec son enfant, c’est forcément car on ne lui pose pas assez de limites.

Cette théorie s’oppose à la théorie de l’attachement, qui est d’avantage scientifique. L’enfant né avec des besoins. Notre rôle de parent est donc de l’accompagner pour l’aider à grandir, de le guider pour le rendre conscient et responsable, et non obéissant.

  • Comment gérer nos émotions négatives face à nos enfants ?

Il n’existe pas d’émotions négatives. Une émotion est une émotion. Ce qu’on appelle « émotions négatives » sont des réactions émotionnelle parasites. Pour les éviter, il faut chercher l’origine de cette émotion… ai-je crié sur mon enfant car en réalité j’étais en colère contre mon conjoint? Est-ce une réaction « miroir » à ma propre histoire?

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Voilà… Je vous ai retranscrit ici une partie de ce que j’ai retenu de cette conférence, des mots d’Isabelle Filliozat, qui comme je le disais en début d’article, est franche et directe. Nous avons aussi parlé du sommeil, que nous tentons trop souvent de contrôler sans nous rendre compte que chaque être humain a un rythme différent et que c’est biologique (mélatonine). Nous avons parlé des fratries, de la figure d’attachement, de la place pas toujours évidente de l’aîné, des exigences que l’ont peut avoir envers lui et nos autres enfants… Et Isabelle Filliozat a fini avec l’importance de l’attachement et de l’amour. Le temps passe vite, nous devons parvenir à nous inscrire dans l’instant.

Je crois que je pourrais encore écrire des lignes et des lignes sur cette conférence tant plein de choses me reviennent en tête! Mais si déjà vous êtes arrivés au bout de ce pavé… bravo! Si vous avez l’occasion de pouvoir assister à une conférence avec Isabelle Filliozat, vraiment n’hésitez pas. Vous ressortirez avec beaucoup d’ondes positives, des questionnements bien sûr, mais aussi un peu plus de confiance en vous. Vous aurez envie de vous intéresser un peu plus aux neurosciences… et de réparer l’enfant que vous étiez. En tout cas, c’est le cas pour moi 🙂

35 ans, mariée et maman de 2 enfants. Multi-passionnée et résolument optimiste ! Vous trouverez par ici des partages et tranches de vie, sans chichi, en toute simplicité ! Pour en savoir un peu plus sur moi, n'hésitez pas à aller lire ma page "à propos" ! Au plaisir de vous lire !

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